Le spectacle poétique et lyrique qui ferme la trilogie de la célébration de grands auteurs francophones par l’Institut Français de Cotonou
Décor évocateur : féérique, traditionnel. Acteurs inspirants et inspirés, imbibés de la lyre poétique de Léopold Sédar Senghor. C’est le tableau génial que donne le spectacle Une nuit avec Senghor, créé par Lyly Houngnihin et présenté par le trio Amagbégnon (Slameur Vodoun), Tbibozo Fifonsi et Mike Togni. Le public de la paillote de l’Institut français composé d’amoureux des belles Lettres et notamment des étudiants de l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo s’est laissé envoûté par la forte sensation que laissait dégager le jeu des acteurs ce vendredi 8 mars 2022.
Mélanges de belles déclamations de textes poétiques, de jeux de lumière, d’évocation et d’invocation des ancêtres, le tout sur fond de chansons populaires traditionnelles béninoises et africaines, le spectacle a tenu le public en haleine par cette osmose réussie des cultures Sérère et béninoise, le temps d’une soirée. Des poèmes triés sur le tas, « In memoriam », « Joal », « Poème congo (pour trois kôras et un balafon) », « Prière aux masques », « Aux tirailleurs sénégalais, morts pour la France », etc. sont savamment distillés par le slameur sur fond de musique circonstancielle, guerrière ou lyrique, débitée à la manu Dibango, par un saxophoniste et chantée par une suave voix accrocheuse. Des moments forts de l’orchestration, l’on retient cette libation théâtralisée devant un grand « Assen » pour dire le poème « Prière aux masques ». Un jeu de mots phonique et visuel sur fond d’hybridation langagière à la Kourouma et d’une diglossie qui confond aisément dans une rhétorique parfaite, le « Sen » de « Assen », l’autel portatif dans l’aire culturelle « gbe » du Bénin, et le « Sen » dans « Senghor ». Cette symbiose réussie, démontre l’appropriation des textes par la metteuse en scène pour servir ce public béninois très frileux.
D’autres moments forts ont accroché les spectateurs qui, pour démontrer leur adhésion, notamment la déclamation très guerrière de l’hommage « Aux tirailleurs sénégalais, morts pour la France », ont salué la prestation par une salve d’applaudissements.
Estelle Dagaut, Attachée de la coopération à la langue française de l’Ambassade de France près le Bénin, à la manœuvre de tous ces événements littéraires, est venue à la fin saluer le talent des uns et des autres.
Le public est rentré satisfait de la nourriture à la vue et à l’esprit que constitue ce spectacle inédit.
Rappellons que ce spectacle fait suite à celui du 12 mars qui honorait lécrivain malien Amadou Hampaté Ba, et celui du 25 mars qui contait comme dans des veillées, Ahmadou Kourourma.
Anicet MEGNIGBETO
SG/APFB
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