Association des Professeurs de Français du Bénin

Mois de la Francophonie au Bénin

Ken Bugul, inaugure l’hommage de l’IFB aux talents d’auteures.

 

Devant un public composé d’hommes, de femmes  de Lettres et d’apprenants, férus de la langue française, l’Institut français du Bénin de Cotonou, dans le cadre de la célébration de mois de la Francophonie 2019 a reçu l’écrivaine sénégalo-béninoise Ken Bugul Alias Mariétou Mbaye. C’était un entretien à bâton rompu avec le Professeur et Ministre Mahougnon Kakpo, ce samedi 9 mars 2019.

 Ken Bugul, « Personne n’en veut » en Wolof, est le pseudonyme de l’écrivaine Mariétou Mbaye. Le Professeur Kakpo Mahougnon, critique littéraire et spécialiste de l’auteure a permis au public, dès le début du débat, de comprendre le sens de ce nom particulier d’artiste. En effet, en replongeant l’assistance dans la culture Adja Tado du Bénin, il a établi les correspondances entre ce pseudonyme Wolof et Abiku.   Un nom dont l’influence est visible et palpable dans la production littéraire de l’auteur, avec des prétextes d’écriture aussi tropicaux qu’universels.

En effet, la trilogie Le baobab fou, Cendres et braises, Riwan ou le chemin de sable, fiction narrative créée autour de la biographie de l’auteure, évoque nettement la thématique de la quête identitaire où le rêve de la faste civilisationnelle de l’Occident s’est transformé, pour la narratrice en une véritable déception qui va la contraindre à rechercher ce « chemin de sable », au bout duquel elle devrait rentrer en possession d’elle-même. Le récit de Nabou, Rama et la narratrice elle-même qui s’entremêlent ici, forme ce  kaléidoscope qui accroche le narrataire et élucide la trame narrative de l’auteure.  

Malgré cette bibliographie assez riche et fournie, Ken Bugu est loin d’être satisfaite de sa production. Selon elle,  il faut toujours chercher le meilleur des meilleurs paradis tant terrestre que céleste. Pour y parvenir il faut être soi, chercher à mieux se connaître en oubliant toutes les considérations familiales. Donnant ainsi échos au « familles je vous hais » de Gide, elle indique la famille comme un bastion  qu’il faudra abattre à tout prix.

L’invitée a ensuite porté un regard critique sur la célébration de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars. L’auteure de Rue Félix Faure, y voit une victimisation de la femme qui, pilier de la famille se bat au quotidien pour assurer la survie au sien. Elle mérite plutôt des actes forts de reconnaissance et d’admiration...

L’Assistance séduite par la parfaite communicatrice va témoigner de la qualité hautement littéraire de sa production. Pour le Professeur Emérite Adrien Huannou, l’œuvre de Ken Bugul, nourrit par l’oralité est ancrée dans ses  réalités socio- culturelles. Une comparaison a, par ensuite, même été osée entre elle et l’écrivaine Maryse Condé.

Rappelons que cet entretien littéraire s’inscrit dans un vaste programme de l’Institut français du Bénin qui célèbre la francophonie cette année tout en rendant hommage aux talents d’écrivaines.

 

Rodrigue AHISSOU

TG/APFB Littoral Ouest

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