Association des Professeurs de Français du Bénin

Caravane du livre et de la lecture 2018

 

La lecture, un sport cérébral pour le bien-être selon le Professeur Tossou Okri

 

Dans le cadre de la journée de l’écrivain africain, célébrée le 7 novembre, la Librairie Notre Dame de Cotonou, Partenaire privilégiée de l’Association des Professeurs de Français du Bénin (APFB) organise la douzième édition de sa caravane du livre et de la lecture. Quatre grandes villes du Bénin, impliquant cinq sections de l’APFB, sont concernées. Il s’agit de Cotonou, avec les sections Littoral Est et Ouest, Porto-Novo, avec la section de l’Ouémé, Abomey-Calavi, avec l’Atlantique Sud et Ouidah avec l’Atlantique Ouest. Après la grande cérémonie de lancement dans la salle VIP du Ministère de la culture à Cotonou en présence du Directeur des arts et du livre Monsieur Koffi ATTEDE, le mercredi 7 novembre, l’Amphithéâtre de la Faculté des Lettres, langues,  Arts et de la communication (FLLAC) de l’Université d’Abomey-Calavi, a accueilli ce jeudi 8 novembre, un brillant exposé du professeur Tossou Okri Pascal, Chef du département des Lettres Modernes sur le thème : la lecture, un sport cérébral pour le bien-être.

Démarré aux environs de 10 heures 45mn, le grand oral du Professeur s’est déroulé suivant trois charpentes :

  • I- Les Balises préliminaires
  • II- Ce que le sujet aurait dû seulement  être
  • III- Champ littéraire et si on en parlait

La première partie de la charpente a permis de proposer une approche définitionnelle de certains mots et groupes de mots qui étaient indispensables aux yeux de l’orateur afin que le public soit au  même diapason que lui. Il en déduit une explication qui fait de la lecture une activité qui conduit à la satisfaction de celui qui l’exerce. Prenant exemple sur les littératures engagées, d’après-guerre en France, post indépendances en Afrique et des livres de spécialités, le professeur conclut que lorsque l’on lit un ouvrage qui comble ses attentes, l’on se retrouve dans un état exquis d’extase. Il détermine ainsi quelques bienfaits de la lecture qu’il décline en sept points.  

La lecture :

  • a- améliore l’intelligence émotionnelle
  • b- prévient le stress
  • c- maintien le cerveau en forme  
  • d- diminue les risques d’Alzheimer
  • e- aide à mieux dormir
  • f- forge chez l’individu la culture générale
  • g-enrichit le vocabulaire.

Quelques nuances dans ce sens ont été présentées cependant puisque la lecture peut entraîner des déboires. Le cas de Ad'jibid'ji, ce personnage du roman Les bouts de bois de Dieu de Ousmane Sembene qui a connu des déboires avec sa grand-mère,  Niakoro-la-vieille à cause des quelques mots lus et employés,  a été donné. Il en est de même des romans à l’eau de rose comme les séries Harlequin, où le narrataire peut chercher à imiter les héros ou héroïnes sans distinguer la réalité de l’imaginaire romanesque.

Dans cette même veine, et abordant la troisième partie de son exposé, le Professeur Tossou, reprenant Todorov dans sa détermination des fonctions de l’intellectuel trouve que ses rôles de guide et de prophète sont désuets. Il prend appui sur les qualités de ce qui est proposé par l’entremise de ses trois P : Prix, Presse, et Posture pour prévenir les lecteurs immatures que tout livre ne doit pas être indiqué pour la lecture.

Son véritable souci d’enseignant, se trouve en effet au niveau des ouvrages que l’on prime, qui reçoivent l’assentiment de la presse et qui confèrent à l’auteur une posture sociale, si énorme qu’il devient une référence. Mais alors, l’on tombe pratiquement à la renverse quand l’on constate que ces ouvrages primés relèguent la morale au second rang et deviennent des véhicules de pratiques peu chastes, des réceptacles de grossièretés langagières, et érigent l’inceste par exemple en règle et non en horreur. Michel Houellebecq, a été longtemps cité dans ses nombreux ouvrages, où l’on constate qu’il distille un langage cru qui éduque peu. Des auteurs africains tels qu’Alain Mabanckou, les Béninois comme Barnabé-Akayi Daté se retrouvent dans cette veine des auteurs que le Professeur ne réserve qu’à un public averti.

L’orateur fait son choix, assumé, qui indique en exemple J.M. le Clézio en France, Jean Pliya au Bénin, comme des auteurs qui peuvent être conseillés à tous publics.

Le débat qui a suivi cette conférence a été véritablement houleux puisque cette option du professeur de prendre en horreur le sexe dans la littérature n’a pas été partagée par tous. En effet, l’on pourrait se demander pourquoi, le Professeur Tossou qui a écrit un essai littéraire intitulé Corpographie et Corpologie où il a démontré que c’est depuis l’antiquité que le sexe est au cœur des écrits se retrouve à faire une telle démonstration. Surtout que sa production romanesque, Syram, Femmes, Numéros matricules, n’est pas  exempt de reproches en la matière.

Le Professeur a  eu l’excuse de la cible.

Rappelons que la conférence a eu lieu en présence du doyen de la FLLAC, Professeur Flavien Gbeto, la directrice de la libraire Notre Dame, madame Prudencienne Gbaguidi et d’un parterre d’étudiants. Le Professeur Fernand Nouwligbeto, a assuré l’imprésario. Vivement que de tels échanges d’idées se perpétuent afin d’assurer une option claire de lecture permanente chez les jeunes. Ajoutons que deux étudiants ont reçu à la fin de la conférence, les premier et deuxième prix du concours littéraire Euphrasie Calmont organisé par la Librairie Notre Dame.

 

Anicet Fyoton MEGNIGBETO

SG/APFB

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