Association des Professeurs de Français du Bénin

Bénin/Littérature scolaire

LE COUFFO POUR AGUERRIR LES APPRENANTS A L’ART DE LA DRAMATURGIE

C’est dans la salle polyvalente du CEG1 de Djakotomey que se sont réunis les passionnés de la lecture cet après-midi du vendredi 15 décembre 2023 pour le café littéraire autour de la pièce de théâtre Serment d’hypocrite de la jeune écrivaine béninoise Sylviane Zannou. Un café

A l’entame de la séance, les apprenants ont offert à l’assistance une belle présentation de l’ouvrage. Ils ont commencé par la biobibliographie de l’auteure, avant de proposer successivement la présentation matérielle de l’ouvrage, son résumé, l’étude des personnages, le schéma dramatique, pour finir par l’étude stylistique et thématique.

Le débat qui a suivi cette présentation a permis de relever que Sylviane Zannou dénonce à travers cette pièce de théâtre non seulement les travers du système de santé béninois mais aussi les actes de détournement qui sont notés au niveau de toutes les couches de la population. Ainsi, par le biais du personnage Sœur Doto, singulière sage-femme du village (très peu sage), Sylviane Zannou met le doigt sur l’inconscience professionnelle de certains agents de santé qui coûte la vie aux patients. De par leurs actes, ils s’érigent en assassins silencieux de ceux à qui ils doivent donner la vie ou dont ils doivent sauver la vie. Si elle autre a quand-même le mérite d’être présente sur son lieu de travail, sa collègue, quant à elle, brillait tout simplement par son absence.            

 Le personnage Dossou, conseiller du chef du village, symbolise dans cet ouvrage l’impitoyable autorité qui ne trouve son salut que dans le détournement de biens publics. Il trahit la confiance du chef en remettant à Mèdessè, sa compagne, les moustiquaires censées être distribuées à la population gratuitement. Cette dernière revend allègrement, au vu et au su de tout le monde, lesdites moustiquaires au maché du village. Ce comportement provoque d’ailleurs l’ire des habitants qui ne manquèrent pas de lui régler le compte comme elle le mérite. Cet acte de détournement est aussi relevé chez Agossi, la femme du cultivateur Donan, qui met de côté une partie de la popote à elle laissée, privant ainsi son mari de poisson à l’heure du repas. Un fait banal qui donne à voir que les faits reprochés aux autorités à cause de leur grandeur se produisent également dans les concessions tous les jours et devraient être combattus.

Le personnage Chef du village est ici dans la peau du dirigeant qui ne s’aperçoit de rien de ce qui se passe autour de lui. Il est donc un médecin après la mort qui vient réunir son peuple afin de trouver des solutions aux problèmes qui ont fini de les détruire. L’auteure enseigne donc aux autorités de garder leurs yeux bien ouverts quelle que soit la confiance qu’ils ont en leurs collaborateurs. La confiance n’exclut pas le contrôle, dit-on d’ailleurs.

En définitive, cet ouvrage, d’un niveau très accessible aux jeunes apprenants, a une portée non seulement satirique compte tenu des critiques sociales qui y sont faites, mais aussi didactique quand on considère tout l’enseignement que son auteure nous donne sur la façon appropriée de gérer les affaires de la cité.

               Herman Bauderick S. EKPINSE

Professeur certifié de français.

Membre APFB/Couffo