Bénin/ Caravane du livre et de la lecture 2023

UNE LECTURE SCÉNIQUE DU ROMAN LES IMPATIENTES DE DJAÏLI AMADOU AMAL SUIVIE DU SPECTACLE « UNE NUIT AVEC SENGHOR » POUR LANCER L'EVENEMENT

C'est à Bamboo Numerik que ce 1er novembre 2023 a fait vivre, à un public féru de la bonne littérature, une lecture scénique imprégnée de poéticité captivante et de verve envoûtante, les extraits du roman Munyal, les larmes de la patience connu à l’international sous le titre Les impatientes de l’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal (Invitée d'honneur de la caravane) avec, telle une cerise sur le gâteau   Une nuit avec Senghor. C’est dans le cadre de la 14ème édition de la caravane du livre, une édition accueillie par Laboratorio Arts Contemporains  comme une séance d'humeur d'artistes.

Mari transi de sadisme !  Un cousin devenu mari qui n’a de goût que pour la violence faite à sa femme, Hindou ! Hindou, femme soumise ! Hindou, femme esclave de Moubarak ; son mari, une incarnation parfaite de la violence faite aux femmes à qui, comme pour faire chorus à ce mal séculaire, la société demande hypocritement Munyal ! Ce sont là les idées phares qui ont structuré la lecture scénique des extraits du roman Munyal les larmes de la patience présentée avec maestria par Sarah et Carlos.  C'est une présentation qui, selon l’auteur a fortement ému surtout lorsque l’autrice Djaïli Amadou Amal a fini par avouer, au terme de ce plat scénique digeste, qu’elle a personnellement vécu le mariage forcé à dix- sept ans. Un drame qui l’a culbutée dans les griffes de la dépression d’où elle n’est sortie que grâce à la lecture et l’écriture, des exutoires de qualité exceptionnelle qui, selon elle, sont à prescrire à toutes les femmes victimes de violence conjugale. Cette prescription est à accompagner de Munyal[1], une arme efficace capable d’asphyxier cette violence séculaire.

Le public n'est point resté indifférent. Le tonnerre d'applaudissement qui a suivi témoigne de son état d'âme. Un état d'âme qui l’a aguerri pour le spectacle « Une nuit avec Senghor ». C'était avec le savoir- faire remarquablement prégnant du trio Amagbégnon, le slameur vodoun, Tchibozo Fifonsi et Mike Togni.

Ouvert par le saxophoniste Mike et la voix de la diva Fifonsi, le second tableau de cette belle soirée, a d’abord végété dans une obscurité totale caressée par de douces mélodies d’ici et d'ailleurs avec les textes dits et vécus choisis à dessein par le duo avant de recevoir sur scène le slameur vodoun. Ici, le plat poétique a atteint son paroxysme ! Tout était rivé sur lui ! Lumière par-ci, caméra, portables et yeux par-là. Le public a cru se voir en face de Senghor chantant et hurlant dans "Joal", dans "Prière aux masques", " Aux tirailleurs sénégalais" etc. Ces délices ont reçu leur dose de satisfaction totale avec cette libation théâtralisée devant un grand « Assen » pour dire le poème "Prière aux masques". Ce sont sans nul doute des saints africains qui ont su choisir ce lieu non loin de la mer pour recevoir Manus et de vive voix leur saine et sainte libation en ce jour où le monde les célèbre.

  Il est a rappelé que le public venu nombreux a d’abord reçu le remerciement des hommes et femmes qui ont su mettre les petits plats dans les grands pour faire de cette 14ème édition du livre une réussite à nulle autre pareille. Ainsi, Madame GBAGUIDI Prudentienne n’a point manquer de remercier les partenaires de l’évènement dont l’APFB qui, ici à Cotonou comme au nord du pays font de leur mieux pour la réussite de la caravane.  La même trompette a été embauchée par Mme Zéna Fadoul, Directrice Générale de Sonaec et Béatrice LALINON des éditions Ruisseaux d’Afrique.

 Ce fut une soirée riche en couleur dont les odeurs, parvenues aux absents, pourraient leur faire mordre les doigts. Hélas !

Rodrigue AHISSOU,

 TG/APFB Littoral.