Association des Professeurs de Français du Bénin

L’APFB fait sa rentrée littéraire ce samedi 30 septembre

L’Association des Professeurs de Français du Bénin a été invitée à la répétition générale du spectacle « Système LMD », écrit et mis en scène par Fernand Nouwligbeto, Professeur de théâtre et Chef Adjoint du département des Lettres Modernes à l’Université d’Abomey-Calavi. C’était au siège du FESTHEC, le Festival scolaire et universitaire de théâtre et de Chorégraphie, dirigé par Jean-Baptiste Kédagni, ce samedi 30 septembre 2017.

 

Avec un décor sur fond noir et n’ayant que le drapeau béninois flottant au milieu comme élément visible, trois étudiants briques en mains entrent en scène comme dans un amphithéâtre d’un campus, dont les caractéristiques, ne sont guère étrangères au public qui a fait le déplacement. Un jeu de tiraillement, qui fait régner la loi de la Talion, où, même pour s’asseoir sur les briques dans l’amphi, il faut se faire costaud. Vient ensuite l’enseignant, hautain, sérieux, qui prend à peine le temps d’écouter les étudiants. Pour le laps du temps passé avec eux, des coups de fils pleuvent, pour des invitations à des colloques, par-ci, par-là. Comble de tout, il s’avère être un élu du peuple qui avait l’obligation à cet instant même de se retrouver au palais de la République pour réfléchir sur le système LMD : Licence-Master-Doctorat.

Laissés à eux-mêmes, les étudiants qui désirent quand même étudier, se retrouvent dans une bibliothèque totalement squelettique, dont les rares livres sont objets de dispute acharnée. Et comme pour parachever le tableau, la Police débarque. Sur un campus.

C’est le prétexte idéal, pour passer en revue tous les maux générés par ce système LMD, instauré par un Etat qui, aux dires des personnages-acteurs sont plus préoccupés par autre chose (Maria Gléta : ce lieu qui abrite au Bénin, une centrale électronique avec l’un des plus grands scandales financiers du gouvernement Yayi ;) puis ( Tourou, cette localité de Parakou, une ville base politique toujours de l’ancien président, où il est implanté un aéroport qui tarde à prendre corps.) En effet, quand l’Etat béninois, sur instruction du CAMES, décide de faire cette option du système, il devait y mettre les moyens.

La Police, incarnation de l’Etat sera alors vitriolée avec cette rhétorique presque Césairienne, « Ils sont venus », « ils nous verront debout ». En effet, c’est presque une vengeance qu’ils prennent en voyant l’Etat à travers cette Police, qui, en violation de toutes les franchises universitaires, se montrent pour traquer et matraquer tout ce qui se trouve sur son chemin. Comment se taire alors que les études supposées supérieures se déroulent sans cadres adéquats, sans bibliothèques, sans enseignants disponibles, sans assurance du lendemain ? Comment se taire alors que le politique (Majorité et opposition) opère une ingérence notoire dans la formation, au point que des espions se mettent un peu partout, que la corruption envahit l’élitisme où étudiants et enseignants sont prompts à trahir  la corporation ? Comment se taire alors que neuf mois de dur labeur, de rêve et d’espérance se noient dans une décision rectorale qui blanchit une année académique ?

C’est pourquoi, quand partout, les étudiants salissent les salles amphis avec leurs matières fécales pour manifester leur colère, l’on comprend que loin d’y voir un geste obscène, entièrement inhumaine, l’on doit y voir le péché du politique et que la pièce se révèle, une véritable satire socio- politique qui déplore cette gestion calamiteuse qui est faite de l’université. Les prescriptions du docteur à la fin, « amphitélicine », « bibliothélicine » etc…, ne révèlent que des rêves légitimes de jeunes étudiants qui, loin des intriques politiciennes ne souhaitent que le cadre adéquat et le matériel nécessaire, bref, des conditions minimum indispensables à leurs études.

Cette générale aura permis au Département des Lettres Modernes d’ouvrir une nouvelle ère où, le cours de théâtre ne se place plus sur les bancs, mais sur la scène.

 

Anicet Fyoton MEGNIGBETO

SG/APFB