Association des Professeurs de Français du Bénin

L’APFB accompagne le lancement du recueil de poèmes

La luciole de Marcel-Christian Ogoundélé

À l’Institut français de Cotonou, le mercredi 03 janvier 2018, en présence de l’Ambassadrice de France près le Bénin, a eu lieu le tout premier événement littéraire de 2018 accompagné par l’Association des Professeurs de Français du Bénin. Il s’agit du lancement du recueil de poèmes La luciole de Marcel-Christian Ogoundélé. Auteur recommandé selon les instructions officielles au primaire (CM) avec Tu leur diras (2012), et au secondaire (5ème) avec Perles d’émotions (2013), Marcel-Christian Ogoundélé, l’auteur de Cantilènes (2014), inaugure 2018 en publiant son quatrième recueil de poèmes auquel il associe les mains de son feu père et de sa petite-fille, les dédicataires.

Riche de trente poèmes dédiés à la famille, l’amitié, l’amour multiple et multidimensionnel, les voyages et certaines figures qui ont marqué le poète qu’elles soient connues ou inconnues du grand monde, le recueil est préfacé par le Dr. Roger Koudoadinou –Président de l’Association des Professeurs de Français du Bénin–, et se pare à la fin du poème ‘‘amour d’Emah’’ et deux poèmes aux accents négritudiens de Jean Ogoundélé Tessi (feu, le père du poète).

En fait, le poète reste fidèle à sa langue riche de simplicité et de générosité, à ce style qui n’oublie personne en distribuant des sonorités d’amour et de pureté qu’il va quêter au « royaume d’enfance » ou aux pieds sages des personnes âgées. Comme un troubadour, ces diseurs itinérants du Moyen-âge européen, Marcel-Christian Ogoundélé réunit dans cet éden poétique tous les souvenirs qu’il engrange continuellement, éternellement. On s’accorde alors sur les origines de l’universalité dans la poésie de Marcel-Christian Ogoundélé qui réconcilie le nord (la France) et le sud (le Bénin) en chantant la beauté et la suprématie du métissage (« ils sont les plus beaux », « Les métis », p. 40), idéal cher au poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, qu’incarne sa famille.

La luciole est un insecte coléoptère de la famille des ténébrionidés dont l’adulte est ailé et lumineux. Par l’évocation de cet insecte dont le poète pratique la chasse avec ses amis pendant les moments de liesse (Donnez-moi, p. 18), c’est que le lecteur est invité à se métamorphoser en luciole, à devenir un porteur de lumière. La lumière qui revivifie et symbolise la beauté, la vie, la joie que procure la vérité, cette lumière qui illumine le poème « Là-bas », p. 21. Cette lumière qui manque à l’ Afrique pourtant éclairée par le soleil à longueur de journée et d’année, et dont l’absence corrompt les cerveaux et intensifie le sous-développement. Le poète ne conçoit pas ou du moins comprend difficilement que la pénurie de la lumière, énergie indispensable à l’épanouissement des êtres vivants n’inquiète pas. Le poète réalise alors l’importance de sa lanterne qui l’accompagne où qu’il se trouve (C’est légion dans nos villes, et nos villages, /de vivre au quotidien, avec le délestage. / C’est vrai que dans nos contrées plaisantes,/ vivre sans électricité est tellement courant ; / voilà pourquoi je te chérirai toujours, ma lanterne., « Ma lanterne », p. 35).

Cette mission d’illuminer le monde comme le soleil qui fait croître la nature, le poète le réussit lorsqu’il rapporte dans « Mots et merveilles » le progrès des femmes alphabétisées de Tankpè, la joie et la liberté que procure la plus petite parcelle de connaissance. Ces femmes dont Ogoundélé célèbre la force et l’intelligence (« L’écrivain public », p. 22) et cette ode touchante à Simone Veil née « Mademoiselle Jacob » (p. 54) où il s’emploie comme nos griots à décliner la lignée et les exploits (elle a aboli son destin individuel, pour s’élargir à un dessein universel. Elle incarnait silence, force et détermination/ c’était un mélange de réserve et d’insoumission.) Un hommage mérité pour cette femme qui permit aux françaises de disposer de leur corps, d’être libres. Il n’est pas que les figures féminines : le poète chante aussi des hommes et leur mort lorsqu’il se souvient par exemple de son ami Fulbert Amoussouga (« Le professeur est mort », p. 53)

Il faut lire et comprendre La luciole comme une lueur d’espoir, cette petite flamme que génèrent dans l’obscurité profonde les insectes luminifères, dans un monde où même des espaces dits paradisiaques ne sont pas épargnés par les assauts d’une nature et une humanité éprouvées par les exactions des hommes (« Saint Martin » ). Le globe-trotteur de Marcel-Christian Ogoundélé parcourt le monde et y recherche et trouve la paix et la beauté (« Gibraltar », « le rocher »), des raisons d’espérer pour l’homme.

Daté Atavito Barnabé-Akayi,

Membre actif de l’APFB